« La chaleur pèse sur mes épaules. Je suis comme clouée au sol. Lever un pied pour le poser devant, semble être la chose la plus pénible…
Petralk ! Maudites plaines maudites ! Je veux m’enfuir ! Je veux quitter l’horreur qui va surgir des collines ! Je ne parviens pas à me déplacer. Pourquoi ? Pourquoi ! Pourquoi quand je peux me déplacer, je ne le fais pas, inconsciente de ce qui va se produire ; et quand je ne peux pas me déplacer, je veux le faire, car je connais le désastre qui va suivre ? Pourquoi est-ce que je revis le même cauchemar ? Pourquoi ? Pourquoi ! La vie est injuste !
J’attends comme j’ai attendu. Je n’attends pas comme j’ai attendu. Je sais que ce qui va surgir, c’est l’enfer, mais je l’attends car je n’ai que cette solution. Quand j’attendais, j’attendais étourdie de ma folie.
Je reviens à cette réalité : Je suis prisonnière de ces plaines. Je suis prisonnière du soleil. Le mal me guette. La mort me guette. Je suis fichue, je vais perdre la chose que j’avais de plus précieux. Je voudrais tellement partir, mais le destin ne le veut pas. Il a choisi une voie différente de celle que j’aurais souhaitée. Voilà ce que la jeunesse peut coûter !
Les deux armées dépassèrent enfin l’horizon des collines. Cette satisfaction n’était pas due à la suite des événements, mais au fait que je pourrais peut-être bientôt me libérer de cette horreur.
Du côté de la colline à ma gauche, je pouvais distinguer des vampires, des loups-garous, des sorciers, des voleurs et des démons. Je distinguais ma mère et la faction à laquelle elle appartenait. Une boule noua ma gorge à cette pensée.
Du côté de la colline à ma droite, je pouvais distinguer des anges, des prêtres, des magiciens, des fées, et des elfes. Je cherchais l’elfe des yeux.
Les deux armées se rapprochaient de plus en plus. Je fus engloutie par la bataille.
Les armes, les cris, les sabots, les chocs, les pleures… Tout m’envahit. Je me sentais vraiment très mal, je n’en pouvais plus, je voulais en finir. Je ne cherchais plus l’elfe, je ne regardais plus ma mère. S’il y a vraiment deux Déesses sur cette terre, qu’elles m’aident !
Je crois qu’elles m’entendirent, car la fin du cauchemar s’annonça :
Je reconnu l’elfe qui avait armé son arc, et qui s’apprêtait à m’embrocher. A l’embrocher. Ma mère me voyant sur le point de mourir, me coucha à terre. Elle reçut la flèche en plein cœur. Je m’évanouis juste après l’avoir vue rendre son dernier soupir. Son corps pesa lourdement sur le mien. »
« -NON ! MAMAN ! »
Son long cri de désespoir avait réveillé tout le dortoir. Elle s’était endormie, elle s’était jurée de ne plus s’endormir pour ne pas risquer de faire ce cauchemar. Elle avait craqué, elle était trop fatiguée. Elle allait en souffrir. En plus de ça, on allait lui demander ce qui s’était passé, mais elle n’aurait pas envie d’en parler. Jamais elle ne parlerait de la mort de sa mère. Sa mère avait était la seule personne à qui elle avait pu se confier. Elle l’avait perdue, et elle ne parlerait jamais d’un tel déchirement. Elle n’en parlerait même pas à ses amies. Elle aurait dû plutôt errer seule dans des endroits isolée de la vie, que de rejoindre la faction dans laquelle avait auparavant vécu sa mère.