Le Crime.

Cela faisait trois heures que Carmina chantait.
La Dame semblait déjà aller mieux que la veille. Le traitement faisait effet rapidement. Bien sur, Naïlyaj était plus fatiguée, mais sa guerrisseuse sentait la maladie refluer, et la Déva de la Dame se réveiller.
Carmina cessa de chanter. Elles devaient faire une pause. Toutes les deux.
Et, de plus, elle avait des questions à poser à la Dame.
Celle ci sembla s'en apercevoir.

_Carmina, je dois te remercier de ce que tu fais pour moi, mais si tu as quelque chose à dire, dis le, s'il te plait, cela me gène de te voir aussi préocuppée.

La guerrière ferma les yeux et soupira. Il était temps pour elle d'affronter les ombres du passé. C'était maintenant ou jamais.
_Dame, ma question est fort indélicate, et je ne sais si je puis me permettre de vous la poser.Toutefois puisque vous m'y autoriser, je vais pouvoir vous le demander...Avez vous eut un fils illégitime? Un fils de père...humain?

Une larme roula sur la joue de la Dame.
_Oui, autrefois, il y a cinq siècles de cela. C'est une vieille histoire.
_Tyahnaïl, n'est ce pas?
La dame hocha la tête, les yeux rivés à terre.
_Il était le plus vaillant de tous. Comme son père. Mais ce n'était pas un elfe. Alors il est partit en exile, ne pouvant supporter ma vue. Je lui rappelais par trop le fait qu'il n'était qu'une erreur. Un accident.
Alors il est partit en Avallon, la terre d'origine de son père. Plus précisément, il a voulu aller dans les collines de l'Est. Son père venait d'un clan...Le Clan des Quatre Lunes. Lui même était marié.
Carmina ne dit rien. Elle devinait.
La Dame sembla soudain se rendre compte de ce qu'elle faisait, stupéfaite.
_Mais pourquoi me poses-tu cette question? Je ne sais même pas pourquoi je me confie à toi....c'est comme...
_Une impression, n'est ce pas? répondit Carmina avec un pauvre sourire. Un air de famille peut être ou plus surement une intuition...C'est donc à mon tours de vous raconter mon histoire. Je suis née il y a cinq cent seize ans dans les Collines de l'Est.
Un jour, alors que je n'avais que quatorze ans, je coisai le regard d'un jeune homme, de deux ans mon aînée. Un regard vert, ma Dame.
Comme celui de son père, le fils du cousin du père de ma propre mère. Vous suivez?
Autrement dit, ce jeune homme était de la famille. Mais je ne l'avais jamais vu. Il débarquait dans le Clan comme ça, tout d'un coup, comme le fils hors mariage de l'un des notres, et nous ne fîmes pas d'histoire. Il fit partie du Clan, et rejoignit la Lune Croissante, la branche de son père.
C'était un combattant exceptionnel, et j'étais, aussi, une combattante douée. Le temps passait et je finis par l'aimer. Votre fils et moi étions fiancés. J'avais quinze ans à l'époque, et vivait une bonheur parfait.
Puis vint Pétralk. Je dus y aller avec ma famille, la Lune Croissante, et votre fils avait décidé de venir avec nous, ou plus précisément, avec moi.
Le sort voulut que j'en revint. Pas lui.
Et ce même sort veut que je sois ici aujourd'hui. Peut être pour endurer votre châtiment, ma Dame, car...C'est moi qui ai tué votre fils.

_La perte de mon fils fut dramatique, mais tu n'es pas responsable de sa mort. Si il a voulu partir avec vous...

_Non, vous ne comprenez pas ma Dame, j'ai tué votre fils de mes propres mains. Durant la bataille, à cause des esprits mauvais qui ravageaient tout, votre fils est devenu fou. Il prit ses alliés pour des énemis. Il a tué ma famille. Je fus la seule qu'il épargna, lutant contre l'esprit assoifé de sang qui jouait avec lui.
Et je n'eut pas le choix. Nous avons une rêgle. Si quelqun du Clan trahit le Clan, il est condamné à mort. Il le savait, je le savais. Je ne le voulais pas, mais il m'a dit que si je l'aimais vraiment, je devais laver son honneur en le tuant. C'était bien de lui. J'ai donc tué votre fils de mes mains. Et perdu la mémoire le lendemain matin.