La vieille cabane [-]

Kaliko avait laissé sa jument à l'écurie et avançait en courant. Depuis si longtemps. Des heures à slalomer entre les troncs qui se resserraient, à sauter jusqu'à presque pouvoir s'envoler par-dessus les ronces et broussailles dangereuses. L'elfe avait les yeux fermés et sentait ses sens d'elfe s'étirer dans la forêt dans tous les sens pour repérer chaque animal tapi sous un rocher, près d'une souche ou dans un tronc sec. Elle louvoyait, évitant de peu chaque arbre qui l'aurait assomée. Ses chaussures n'étaient même pas abîmées. Elle se fiait énormément à ses souvenirs. Mais une présence lui manquait...

Elle entrouvrit les yeux le temps de vérifier. Oui, c'était bien là... La luminosité était très basse, et, renversant la tête en arrière, elle n'aperçut même pas le ciel, la vue était bouchée par un entrelac millénaire de branches. De minces et rares rais de lumière filtraient ça et là, laissant la poussière virevolter. Un frisson coula le long de son échine. Tant de souvenirs, oui. Elle prit une grande inspiration et reprit sa course. Elle voulait vaincre l'inertie de son corps trop grand pour cette forêt. Vaincre la distance qu'il restait à parcourir, l'amertume de ce désir de retourner, seule par la force des choses, à cet endroit qui avait tant de significations pour elle.

Et quand, le souffle court, Kaliko arriva devant la chaumière abandonnée, une larme roula sur sa joue parfaite. Enfin ! Dans une obscurité presque totale, elle entra en se baissant et, avec précautions, alluma une chandelle. A la lueur vacillante de la flamme éphémère, elle aperçut les alambics qui étaient toujours à leur place, bien que couverts de poussière, les paniers, les écumoirs, le grès rose...
Elle s'assit sur le sol en terre battue - plus tellement, la nature avait repris ses droits et l'herbe jonchait le sol - et, sortant de son sac un calame, de l'encre et un parchemin, rédigea un court message, de son écriture minuscule.
"Haydée, je suis au sanctuaire. Rejoins-moi avec des bougies."
Sur ce, elle siffla entre ses doigts, priant pour que la nature n'ait pas tout effacé.
Ses prières ne furent pas vaines puisque, dans les deux minutes suivantes, une corneille noire à l'oeil rond étonné vient se poser sur son épaule. Kaliko noua à ses rémiges le papier roulé dans un petit tube et caressa l'oiseau avant de lui donner son envol. Il porterait le message à Haydée sans nul doute.
Une fois qu'il fut loin, elle sortit et grimpa en haut d'un arbre, cachée dans la canopée, étudiant la venue éventuelle d'un quelconque prédateur...

Haydée dormait paisiblement sur son arbre . Immense saule pleureur prêt du plus confortable des lit de mousse de la forêt de Brocéliande. Illuvatar carréssait toujours le frêle corps de la jeune fée lorsqu'elle dormait , c'était sa façon à lui de la bercer, immense arbre gorgé de vie .
Le messager de Kaliko , petit oiseau aux grands airs , ne vascillait même pas sous le poids du tube elfique .
Cachée sous ses lianes rousses , Haydée se trémoussait sous les pattes de l'oiseau qui essayait en vain de la sortir de son someil si profond en lui chatouillant la cuisse...
Elle se redressa lentement , avec une grâce innimitable. Elle eu terriblement de mal à ouvrir le message de Kaliko , sérré comme un nain coincé dans une porte de taverne elfique. Vous savez , ces portes si fines et si résistantes à la fois , ces portes qui jouent des tours à ces êtres pudrides que sont les nains...
Le visage d'Haydée semblait absorber les rayons du soleil de par son sourire angélique . Elle glissa le long du bras polie de son arbre et farfouilla dans son fouillit de débarras enfouit au fin fond de fon faule .
"-Mais que va-t-elle faire de ces bougies...? "
Et Haydée siffla aux visage de l'oiseau , des paroles incompréhensibles -d'elfes voyons!- et le regarda s'envoler entre les feuilles des arbres environnants .
La petite fée sautillait , naivement , entre les tronçons d'arbres morts , les épines et les fleurs plus que suspectes...Elle chantonnait une vieille contine de nain , racontant l'histoire d'un oiseau à 7 têtes qui ne vivait qu'un semaine...Allez savoir pourquoi?
La chansonnette d'Haydée se coupa net . Son coeur se serra douloureusement et elle se mit à courir comme une dératée , à la vue de la petite cabane . Elle serrait les dents si fort , qu'elle en coupa sa langue . Le goût du sang...Encore...Elle s'étouffait sous ce liquide épais .Ses côtes sortaient , d'une façon anormale , à en trancher sa peau . Elle sortait d'aigus gémissements de douleur .
Et elle tomba lourdement sur le sol plus qu'âbimé du sanctuaire ,s'arrachant la joue au contact du sol rappeux , sentant ses os céder sous ses immenses et fines membranes qu'étaient ses ailes . Elles se renfermaient sur le corps de l'être féerique ,elles fulminaient.