Sous la verrière [X]

Sur la demande de Dana la jeune femme s'avança sous la majestueuse verrière où une fraîcheur tout à fait apte à l'entraînement régnait...
Elle dépose ses armes : un sabre à la lame blanche effilée et un grand arc de bois noir, ainsi que le carquois de l'arc et ses flèches-harpons empoisonnées. Après un court moment d'hésitation elle sort de sa botte de cuir une dague qui n'a presque jamais servi à autre chose qu'à la rassurer.
"-Je dépose mes armes afin qu'un arbitre ou Dana elle-même les ensorcelle... je ne tiens pas à blesser un adversaire. Du moins pas ceux qui font désormais partie de ma patrie.
Hum... voilà.
Elle entr'aperçoit un grand cheval bai par la baie vitrée et n'arrive plus à détacher son regard de l'animal...

Kaliko se dressa de toute sa taille et essaya de maîtriser les battements fous de son coeur, lancé à fond contre ses côtes par l'anxiété...
Le garde lui faisait face. Elle prit son sabre en main, respirant calmement pour ne pas trembler...
Elle fit le vide dans son esprit, puis se mit en position défensive.
Le garde fonça, sa hallebarde (protégée par la magie) devant lui.
Kaliko sentit une goutte de sueur froide perler dans sa nuque...
...elle se plaqua au sol, sentant la lame froide à quelques centimètres au-dessus d'elle. La goutte finit de couler le long de son échine.
Elle se redressa et prit son sabre en main.
Elle ne voulait pas faire couler de sang... non...
Le garde avait toujours sa hallebarde et fonçait sur elle... Kaliko fléchit les genoux pour bondir à une vitesse incroyable au-dessus du garde. La hallebarde ne trancha que l'air. Kaliko était derrière le garde...
Elle saisit dans les grands yeux de Dana une lueur... sanguinaire...
Dana voulait qu'elle fasse couler le sang...
Elle brandit son sabre et vint caler le tranchant froid et acéré aux creux de la gorge du garde, qui se figea.
Faire couler son sang... non, pas celui de l'artère...
Elle fit glisser doucement la lame le long du bras couvert de cuir du garde - il ne bougeait toujours pas. Lorsque la lame quitta le cuir, la manche s'ouvrit comme une fleur, découpée. La peau n'était pas touchée, en-dessous. Mais le sillon se continua dans la peau de la main.
Le garde hurla. Kaliko se retourna et détourna le regard pour ne pas voir le sang perler.
Le garde avait saisie sa faiblesse...
Il courut silencieusement vers elle qui, les yeux rivés au sol, essaie de reprendre son souffle et de se calmer.
Sa main est ensanglantée, mais pas plus douloureuse que ça. C'est l'humiliation, la rage qui l'avaient fait hurler. Blessé. A la main. Par quelqu'un de plus jeune que lui.
Par une femme.
Le sang maculait sa main... main qu'il plaqua contre le visage de la jeune femme, lui coincant la taille avec l'autre...
Kaliko, le visage maculé d'un sang qui n'était pas le sien, tremblait de tout son corps...
Sous la peur sa respiration s'était bloquée.
Il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits...
Les yeux fermés, guidée exclusivement par son toucher, elle saisit le poignet du garde, puis pivota vivement sur ses hanches, brisant le poignet du garde. Sur l'effet de la surprise, l'homme se figea, ce qui suffit à Kaliko pour inverser les places. Elle lui tordit les bras dans le dos et cala la pointe blanche de son sabre sur la carotide de l'homme :
"- Tu es mort..."