Hommage à ma déesse...

Araya n'avait jamais vu un batiment aussi immense que le château de Dana. Elle trouvait cela normal, pour une déesse, d'y habiter, mais l'oeuvre paraissait plus d'origine divine qu'autre chose. Baignées de lumière, les differentes salles qu'elle parcourait ne se ressemblaient jamais.
Un garde se planta devant elle, hallebarde à la main.
-Halte là ! s'écria t-il. Je ne t'ai jamais vu ici ! As-tu rendu ton hommage à notre déesse ?
-Non, répondis la jeune Ange, mais j'y vais de ce pas...
-Alors rends-toi à la salle de l'Arbre ! Dana s'y repose !
Araya hocha la tête et ouvrit doucement la porte de la salle indiquée.
Face à elle, se trouvait la déesse Dana qui la regardait avec bienveillance.
L'Ange se prosterna face à la femme divine, une main sur son coeur, comme il était d'usage chez les guerriers, avant de dire d'une voix forte :
-Ma déesse, je viens de bien loin. J'ai parcouru Avalon pour vous trouver et vous offrir mon coeur, mon ame et mon épée. Je désire détruire les ténèbres qui ont recouvert notre belle contrée et offrir à tous le bonheur et la paix. Acceptez l'aide de mon bras, Grande déesse, je jure sur mon ame immortelle que vous ne serez point déçu...
Toujours à genoux, la jeune Ange dégaina son épée fine et la prit entre ses mains, pour montrer à la déesse qu'elle était prête à tout.
La rage et la soif de sang bouillait en elle, mais elle contenait tout cela. Elle libérerait sa fureur sur les champs de bataille, là où elle pourrait faire couler le sang de ceux qui travaillaient pour l'obscur...

_Bonjour!

La pièce baignait dans la douce lumière du soleil.
La robe blanche de la déesse scintillait, et ses cheveux, parcourus de tresses et piqués de fleurs, tombaient jusqu'à terre.
Les yeux de la Déesse semblaient mélancoliques lorsqu'elle les pausa sur la nouvelle venue. Son air était grave.

_Araya...ange de lumière, n'obscurcit pas ton cœur. Cela est vain et te mènera à ta perte. Tes actes ne doivent pas être dictés par ta colère, elle est comme un voile qui trompera ta vue et entravera ton esprit. Éradiquer l'ombre est un tache nécessaire pour préserver la lumière, mais la douleur des autres ne doit être un échappatoire à ta douleur propre. Tuer doit être une nécessité, pas un plaisir ni même un défouloir. Ce serait là faire une erreur qui ne profiterait à personne.
Que ton arme ne serve que ma lumière, et non ta colère. Que ta colère disparaisse et devienne ferveur. Que ta ferveur te mènes à mes côtés à la victoire. Et que notre victoire fasse de ce monde un monde nouveau, emplis de lumière et dénué d'ombres...

Un instant, le regard de la déesse se perdit, et nul n'aurait su dire si ses pensées la guidait vers ce futur tant attendu, ou vers un passé lointain.
Puis elle sourit de plus belle, rayonnante.

_Vois-tu...Nous portons tous de sombres choses en nous, mais il nous faut les transformer en pensées de lumière, en cherchant l'aspect positif de la chose.
Ecoute: Je ne verrai ce monde nouveau dont je t'ai parlé, ce monde de lumière pour le quel nous nous sommes battus, nous battons et nous battrons encore.Je devrai donner mon âme et celle de ma sombre sœur en sacrifices à l'Epée, et le voyage s'arrêtera là pour moi. Pas de mort, non, juste la fin, l'anéantissement. Mais ce sacrifice est nécessaire. Je vous offrirai ma fin et le début du monde que mon cœur abrite. En toute sombre chose, il y a toujours de la lumière.
Et tous ces gens qui mourront, toutes ces lumières ne s'éteindront pas...elles auront servi à allumer la splendeur du monde nouveau!

Dana garda le silence pendant un moment, perdue dans la contemplation de l'arbre gigantesque, dont le feuillage semblait jouer dans la lumière au rythme d'une douce mélopée à peine audible. Des rires de courtisans perchés dans l'arbre retentirent, et toute la vie que l'arbre abritait semblait fourmiller.
La déesse frôla une branche et une fleur éclot.
Puis elle se détourna de la vision immaculée et s'adressa de nouveau à l'ange:

_Tout cela pour te dire que le sang que tu as laissé sêcher sur tes ailes ternit leur éclat. A présent, considère que c'est un nouveau début pour toi, et si tu as la moindre question, le moindre problème, n'ai pas la moindre hésitation à venir me quérir. Si tu n'as rien à ajouter, tu peux disposer.

Araya écouta le discours de la Grande Déesse, mais étrangement, elle fut coupé du monde, plongé dans un souvenir. Elle revit le prêtre Omerem, qui s'était occupé d'elle, observant son épée qu'elle avait caché sous son lit alors qu'elle avait 12 ans, l'air grave, les sourcils froncés.
-Araya, ne t'ai-je pas déjà expliqué que seul le pacifisme nous mène sur le chemin de la lumière ?
-Les Ténèbres n'attendent pas des pacifiques qu'ils décimeront au tournant ! avait explosé la jeune Ange. Seul les armes et la bravoure pourront disperser l'obscurité !
-Oui, mais pas la soif de sang mon enfant... Avait répondu calmement le religieux en observant l'arme. Il est vrai qu'en ces temps sombres la guerre devient la meilleure solution... Mais tu dois préserver ton cœur du mal ou il assombrira ton jugement. Tues par nécessité, pas par haine... N'y prend pas plaisir mon enfant...
Elle n'avait pas écouté le prêtre à l'époque. Une erreur, comme l'avait prouvé la déesse...
-Merci, Dana, de m'avoir accepter mais aussi de m'avoir prouvé une chose... Hélas, la colère est une partie intégrante de mon être. Je ne la libère que lorsque je le désire, mais je ne peux m'en défaire. Sombre malédiction en vérité, et vous venez de me le prouver...
Sur ces mots, elle s'inclina et s'en alla.