Témoignage d'un pigeon [M]

La démone survola le pont. Après l'apparition de l'Envoyé, elle s'était dépêchée de préparer ses affaires et avait voler à toute allure vers l'endroit indiqué. Cette mission lui tenait effectivement à coeur. Tromper des gens était mal, certes, mais le plus important était l'argent. 3000 Uhrs ! Avec, elle pourrait s'acheter de nouvelles dagues...
C'est en pensant à l'achat de ses nouvelles armes que la démone se posa sur le pont. Une légère brise vint lui soulever les cheveux tandis qu'elle marchait en direction du client qui avait servit de pigeon.
Arrivée à quelques mètres de lui, elle put le détailler. Vêtu d'une simple chemise blanche et d'un vieux pantalon, il arborait une mine triste. Voire désespérée.

Bien fait ! pensa la démone.

Et oui, le fait de se faire dépouiller répugniait la démone.
Quand on achète quelque chose, on s'assure que ça marche. On ne vient pas se plaindre après !
C'est en poussant un long soupir qu'elle arriva près du client.
Elle s'inclina pour un geste de salut.

- Alors, c'est vous Usübzil. Bon, que c'est-il passé ? Vous vous êtes fait dépouiller, certes. Mais à quoi ressemblait votre marchand ?

La démone se dépécha de poser les questions. Plus vite elle terminera cette mission, plus vite elle touchera son argent.

Usübzil Liorcaltch

Uzübzil jeta un regard noir à la démone qui venait tout juste d'arriver. Déjà parce qu'il était sacrément de mauvaise humeur et qu'en plus il se trouvait être de ceux qui respectaient profondément le code de la politesse. Aussi voir cette inconnue lui sauter dessus tel un diable en boîte -et c'était le cas de le dire- et lui poser des questions sans salutation ni explication...

"Les fidèles de Nyx sont de plus en plus malpolies de nos jours...
Bonjour, mademoiselle. Je me nomme effectivemment Usübzil. Je suppose que vous êtes la personne chargée de l'enquête n'est-ce pas ?

Question réthorique. Il n'attendit aucune réponse et releva le col de sa chemise d'un geste sec. Usübzil était un chef d'affaires d'un autre temps. Rien n'échappait à son contrôle et se voir ainsi dépouiller de sa marchandise avait déjà salement attaqué son ego. Il n'était pas question de laisser les choses telles qu'elles. Et même s'il fallait compter sur cette démone au regard plein de mépris. Et le respect des aînés, se perdait-il lui aussi ?

"J'étais à la recherche de peaux de Runedels. Mon marchand habituel n'avait pas pu obtenir son arrivage ce jour-là et, étant pressé, j'ai dû aller me fournir ailleurs. Bien évidemment je me suis rapidement rendu compte que les peaux que cet autre marchand m'avait vendu n'étaient que des copies. Il s'agit de peaux de chats peintes.
Voyez j'en ai apporté...

Et il tira de sa sacoche un de ses achats, le déroulant sous le regard de la démone pour lui présenter les diverses erreures du marchand, pointant du doigt les modifications apportées sur cette fausse peau de Runedel.
Pour continuer :

"Il s'agissait d'un homme de la trentaine certainement. Je me rappelle très bien de ces cheveux, sacré roux ! Assez trapu et petit pour son âge, avec une légère barbe. Il portait un poignard en sale état à son ceinturon...

La démone écouta sans broncher les explications du "pigeon". Roux, trapu, la trentaine, petit... Cela n'allait pas être facile. Elle poussa un long soupir. Elle qui croyait régler ça en deux coups de dagues s'était fourré le doigt dans l'oeil. Comment pouvait-elle retrouver un homme, parmi tout un ramassis de marchand tous aussi louches les uns que les autres ?
Elle soupira à nouveau et regarda le client malchanceux.

- Roux, trapu, la trentaine... D'accord. Il doit sûrement encore être en train d'escroquer de pauvres... gens. Où l'avez-vous vu pour la dernière fois ?

Usübzil Liorcaltch

Si Usübzil fut surpris du manque de réaction de la démone, il ne le montra pas. En fait, il avait dû mal à se faire à cette nouvelle génération de combattants que cela soit du côté des Unseelies ou de celui des Thuathas -bien évidemment ces derniers n'étaient pas ses connaissances les plus habituelles. De toute façon il était extrêmement rare de voir débarquer un Thuatha dans un lieu aussi sordide que le marché noir. Ca c'était pour les bons vieux roublards, les escrocs -songea t-il avec animosité-, pas pour les blancs guerriers de Dana.

"Je ne l'ai vu qu'une seule et dernière fois, le jour où j'ai fais mes achats, mademoiselle. Cependant je suis presque certain qu'il se trouve encore au marché noir. Je ne l'ai pas revu lorsque j'y suis allé à nouveau, mais il doit s'enfuir lorsque j'arrive. Avec vous il n'aura pas de soupçons. Et sinon vous pourrez toujours interroger les autres marchands.
Enfin je dis ça ! Je vais pas faire l'enquêtre à vot' place non plus ! C'est vous la spécialiste."