Owein O'nerval, jeune et vaillant - du moins cette idée lui plaisait-elle - chevalier, arriva par une belle soirée ensoleillée devant les hautes portes du château des Thuathas.
Il avait parcouru des lieues et des lieues, à cheval puis à pied - car il avait bien fallu rendre la monture, qui ne lui appartenait pas - pour arriver à cette étincelante forteresse. Depuis qu'il avait quitté sa douce Marilyth, il n'avait interrompu sa route que pour demander son chemin, et en rencontrant une étrange jeune fille qui le lui avait indiqué avec une précision inattendue.
Il se trouvait donc devant les portes de Dana.
Levant la tête, il adressa un signe de la main aux gardes en faction, qui l'observaient d'un air soupçonneux depuis quelques instants. Geste qui signifiait : je viens en paix.
Que voulait-il, lui demanda l'un des deux. Passer, et servir Dana.
Cette réponse devait être satisfaisante : les imposants battants s'entrouvirent, et il franchit le seuil. Il ne s'attarda pas dans l'immense cour, ne s'émerveilla pas devant la gracieuse facade ou les splendides fenêtres, ne jeta pas un regard aux jardins que l'on devinait, de part et d'autre des bâtiments.
Obnubilé par son but immédiat, il traversa tout cela d'un pas rapide, comme les yeux bandés. Sans savoir comment, ses pas le menèrent à la Salle de l'Arbre, dans un état second. Etait-ce le pouvoir de Dana, le voeu de sa Dame qui le guidaient ? Il ne savait pas. Mais il entra, rejetant en arrière quelques mèches rousses qui lui tombaient devant les yeux, redressant le menton et raffermissant son pas.
La Déesse était là, assise avec grâce parmis quelques un de ses fidèles. Sa chevelure d'or pâle flottant sur ses épaules, les voiles de ses vêtements reposant en corolle autour d'elle, son port parfait, la courbe idéale de son cou alors qu'elle inclinait doucement la tête, et ses bras blancs comme faits de porcelaine...elle était plus belle que la plus belle des femmes mortelles. Mais son visage, dont la majesté dépassait l'entendement, respirait la force et la détermination. Ses yeux bienveillants brillaient d'une puissance incommensurable, et de sa personne entière émanait une aura qui paralysa quelques instant le chevalier.
Instinctivement, il s'agenouilla, mais ne put prononcer un seul des mots qu'il avait longuement préparés, tant il se sentait humble et soumis.