A la recherhe d'Azil [M]

Le bois de sapin était connu comme très sombre. On se doutait bien de ce que l'on y trouverait, mais l'incertitude existait toujours, de part le petit nombre de personnes s'y étant un jour aventurées. On en connaissait pas vraiment la raison mais le fait était là.

Louxira avait dépassé depuis longtemps l'orée du bois. Après avoir cherché pendant quelque temps un chemin piétiné, des branches cassés ou de la végétation écrasée, elle avait finalement trouvé un chemin de terre marqué par des empreintes de pas datant d'il y a quelques jours. Etant les plus fraiches observées, elle n'avait pas attendu une seconde avant de le prendre.

Ayant marché pendant une bonne heure, elle avait décidé de faire escale dans une prairie légèrement ensoleillée. Un endroit à la fois beau et mystérieux. Durant tout le trajet, elle s'était concentrée sur tout les bruits qu'elle pouvait entendre. Cependant, aucun n'avait été d'un intérêt marquant, n'avait même attiré son attention. Retrouver cet Azil allait peut être mettre plus de temps que prévu. Après tout, il s'était peut être endormi dans une grotte, fait dévorer par les ours, avait succombé à la fin ou à la soif, avait été attaqué par des monstres géants, ou tout simplement perdu dans cette immensité, bien que l'idée de vouloir s'y aventurer alors que l'on ne connait pas le chemin du retour lui paraissait totalement stupide. Ces Niolmiédialos étaient-ils finalement vraiment important pour sa petite-amie ? Au point d'entraîner Azil dans une situation irréversible ?

J'ai faim...

Louxira se releva, très peu désireuse de souffrir de famine, lors que son ventre émettait un étrange bruit auquel elle ne prêtait aucune attention. Les traces de pas se faisaient de plus en plus rare à cet endroit de la forêt. Azil avait donc couru pour échapper à quelque chose. Mais quoi ?

Elle se concentra, essaya de trouver un endroit ou il avait pu se rendre. Il était très difficile de se placer dans la tête de quelqu'un que l'on ne connaissait en rien. Il avait très bien pu courir encore des kilomètres, effrayé par les grognements résonant dans son dos. Suivre ces traces de pas ne l'avancerait donc en rien. Elles la retarderaient même... Sûrement. Alors, si elle avait été épuisé, toujours poursuivit par un ours de mauvaise humeur, où aurait-elle couru pour se cacher ?

C'était pourtant tellement évident...

En son coeur...

Squiky l'Ecureuil des Bois

Squiky était un vaillant petit écureuil. Le plus charmant de tous. Le plus beau et le plus vertueux des petits animaux à fourrure. Rouquin de sa maman, il possédait les poils les plus savamment arrangés de toute la tribu des Ecureuils des Bois, avait même remporté le concours de Mister World Ecureuil et était arrivé 3ème au classement général de Mister World Bois de Sapin. Un résultat parfaitement honorable qui l'avait rendu héros de la tribu.

En soi, Squiky était L'écureuil idéal : doux, attachant, au service des autres, chaleureux, patient, aimable, loyal, courageux, gentil... Les termes laudatifs se bousculaient pour le définir et pas un seul défaut ne faisait ombrage à son panache naturel que tous lui enviaient secrètement -il en était certain.
Sauf un : la curiosité.

Squiky était curieux. Curieux de tout : de la forme des nuages, de la force du vent, de la taille des aiguilles de pins, de la dureté du bois, de bruits étranges, de présence...des EDP surtout !
[Note Squiky : EDP = Etres à Deux Pattes]
Sa maman avait beau le punir, le décourager, le gronder, Squiky aimait les EDP. Ils le fascinaient de par leurs manières de se déplacer, manger, communiquer et toutes ces petites choses inexplicables qu'ils faisaient parfois et qui le laissaient tout pantois.
Oui, rien n'était plus intéressant que les EDP.

Et Squiky venait d'en remarquer un. Ou plutôt, une femelle EDP. Caché dans le feuillage dru d'un sapin équatorial (oui !), il scrutait son petit bonheur traversait la forêt, la suivant dans son ombre, se plaquant contre les troncs pour sauter de branche en branche avec la plus grande discrétion.
Puis il prit sa respiration, sa queue à deux pattes et sauta...pour atterir sur l'épaule de la femelle EDP et lancer de sa petite voix toute mignonne et de ses grands yeux innocents :

"Squick squick squickera ?"

Après la fin de sa pause, elle n'avait pas vraiment prêté grand intérêt aux bruits de rongeurs pouvant se déplacer dans le bois. Aussi, quand elle avait senti une pression sur son épaule, puis quelque chose de la douceur d'une plume dans son cou, elle avait cru défaillir. D'une part parce qu'elle s'étonnait d'avoir été surprise aussi facilement, où plutôt parce qu'elle ne s'attendait pas à l'être et, d'autre part parce qu'elle ne s'attendait pas à y trouver un écureuil.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!!

"Sale bête ! Descend avant que je ne te tue !"

Malheureusement, elle avait déjà dégainé ses dagues, prête à passer à l'action, alors que la bête ne semblait plus bouger depuis son intervention. Ce dont elle se fichait finalement. Mais quelque chose vint changer la donne. Cet écureuil l'avait eu par surprise. De manière totalement illégale. Et en plus pour la seconde fois. En effet, ces grand yeux marrons avaient croisé son regard et elle n'avait pu le tuer. Un acte qu'elle ne se serait jamais pardonné. Ces yeux étaient pleins d'étoiles, très pétillants. Et puis, il semblait intrigué pour une raison qu'elle ne connaissait pas, ce qui, elle, l'intriguait d'avantage. Elle aurait aimé avoir ce don de la nature...
Elle rangea donc ces dagues rapidement, et entreprit de prendre l'écureuil dans ces bras. En cas d'attaque, il serait plus facile pour elle de le remettre au sol avec la douceur que lui permettrait la situation. Une douceur qu'elle ne promettait guère.

"Squick squick squickera ?"

Elle soupira, une réaction qui lui arrivait souvent en ce moment. Si maintenant, il lui fallait parler le langage des écureuils pour pouvoir résoudre sa mission, elle n'allait jamais s'en sortir...

"Euh..."

Elle se sentait stupide. Parler à un écureuil... Quelque chose que jamais elle n'aurait pensé faire. Elle ne l'aurait même pas pris comme passe-temps. De plus, elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il disait, s'il disait quelque chose.

"Si tu me comprends un minimum, tu ne voudrais pas plutôt me montrer ce que je dois voir ou me donner un indice... Enfin quelque chose..."

Squiky l'Ecureuil des Bois

Squiky l'avait échappé belle, une fois de plus. Apparemment, les EDP n'appréciaient pas d'être pris ainsi par surprise et avaient toujours tendance à réagir de manière violente. Heureusement, le charme de Squiky, son don le plus précieux et dont il était le plus fier, parvenait à chaque fois à faire son effet. Même les plus vilains trolls aux coeurs de pierre devenaient tous gâteux en le voyant et ne pensaient qu'à une chose, lui faire des câlins et toutes autres marques d'affections possibles.

Et Squiky était heureux. Parce que la femelle EDP était très jolie aussi. De beaux yeux... Squiky d'ailleurs aurait bien aimé rencontrer de si jolies EDP plus souvent, cela le changerait des trolls. Plus doux, mais pas bien beaux à regarder quand même. Squiky aimait les EDP. Tant qu'il parvenait à comprendre les expressions de leurs visages, à défaut de saisir leurs étranges paroles aux ô combien douces sonorités pour ses délicates petites noreilles.
Aussi lorsque la jolie femelle EDP commença à parler, le visage défait, le regard perdu, comprit-il qu'elle cherchait quelque chose. Aussitôt son petit cerveau se mit méthodiquement au travail alors qu'il s'interrogeait quant à la nature de ce bien que la jolie femelle aurait perdu. Il se rappela alors le corps évanoui d'un autre EDP pas loin d'une caverne. Un EDP mal en point, blessé. Les EDP vivaient entre eux. Cette EDP cherchait-elle cet EDP ?

Chassant la bouffée de jalousie qui monta en lui, Squiky eut son plus mignon petit visage avant de s'exclamer :

"Squick squoi !"

Puis dans un frétillement de sa jolie petite queue rousse, il retrouva la terre ferme en quelques bonds pour s'élancer sur une piste après avoir jeté un bref coup d'oeil à l'EDP...l'enjoignant à le suivre jusqu'à la caverne.

Un charme ravageur et une petite frimousse à caresser. Tels étaient les avantages de cet écureuil, si petit et pourtant si important dans une situation comme la sienne. Elle le regardait attentivement depuis plusieurs minutes et ainsi, elle put le voir passer par plusieurs expressions sans pour autant les comprendre. Elle s'aperçut cependant d'une petite grimace se dessinant sur son mignon petit visage. Jalousie ou ennuie, elle avait du mal à trancher. N'étant pas très sur de l'état d'esprit de l'animal, elle s'apprêta à le caresser, espérant ainsi qu'il se déciderait à lui montrer quelque chose d'intéressant, voir même ce qu'elle cherchait.

Cependant, alors que sa main se rapprochait de la fourrure de l'animal, celui-ci la regarda dans les yeux et eut un visage d'une beauté incroyable.

"Kyaaa !!! Il ne veut pas me suivre jusqu'au château ?!"

"Squick squoi !"

Elle sortit de ces pensées très peu professionnels. Louxira n'en connaissait pas la raison mais dans ces paroles, elle cru comprendre un "suis moi !". Aussi, lorsqu'elle le vit sauter à terre, elle ne fut pas étonnée et ne se prépara pas à lui sauter dessus pour l'empêcher de partir. Elle le suivit même, confiant la réussite de sa mission à un animal qu'elle connaissait à peine.

S'en suivit une longue marche peuplée de branches de sapins gênantes et de ronces à éviter. Son guide n'avait pas son problème, les arbres étaient sa terre et il s'y déplaçait avec une grande aisance. Elle aurait largement pu en faire de même mais elle n'avait pas assez d'énergie. Elle aurait dû pensé à prendre quelque chose à manger au lieu de partir aussi vite...

Un soudain élargissement du chemin l'amena à regarder aux alentours. Elle put distinguer une caverne au loin. Et devant cette caverne, un corps, inerte, sur lequel le petit écureuil était déjà penché.

Squiky l'Ecureuil des bois

Squiky avait suivit la piste qui demeurait nette dans son esprit et ce, sans aucune hésitation. Vérifiant plusieurs fois que la jolie EDP parvenait à le suivre, ils parvinrent tous deux rapidement aux abords d'une clairière où se dressait en son fond une caverne de pierre brute.
Le plus mignon de tous les écureuils existant en ce vaste monde se précipita alors aussitôt sur le second EDP mal en point qui n'avait pas bougé d'un cil depuis qu'il l'avait vu pour la première fois. Allongé face contre terre, dans son dos se dessinait une sévère blessure souillée de sang et de terre qui ne demandait qu'à être soignée. Elle se présentait sous la forme de quatre profondes estafilades certainement causées par les griffes puissantes d'un animal de cette forêt.
Squiky avait un mauvais pressentiment.

Il se pencha alors sur le gros nez de l'EDP pour le gifler d'une de ses petites pattes sans aucune douceur. Après tout, c'était à cause de lui que la jolie EDP paraissait si inquiète.
Bien fait !
Bien fait !
Bien fait !
Bien fait !

Squiky cessa de sautiller inutilement sur le gros nez de l'EDP qui n'avait pas émis un seul mouvement, à peine un gémissement plaintif qui fit frissonner les oreilles de Squiky. Désespéré, ce dernier se tourna vers la jolie EDP pour s'exclamer de ses grands yeux couleur noisette :

"Squick !"

Il avait un mauvais pressentiment.

"Oh mon dieu"

Louxira se précipitait déjà vers le corps d'Azil a une dizaine de mètres de là, la peur au ventre. Il ne fallait pas qu'il soit mort. Pas avec elle.
Elle se mit à genoux devant celui-ci alors qu'elle pouvait maintenant voir l'entaille profonde dans son dos. Et par dessus tout, elle entendait sa respiration, faible, mais toujours là.

Elle ne perdit pas un instant, arrachant un morceau du pantalon de l'homme. Il y avait cependant un problème, elle n'avait pas d'eau, et il lui fallait de l'eau, de toute urgence. Hors, la seule chute d'eau qu'elle connaissait était celle de la source Isana, jusqu'à laquelle elle ne pourrait jamais faire le déplacement.

Elle détourna son regard sur l'écureuil. Celui là même qui l'avait merveilleusement bien aidé jusqu'à maintenant mais qui là, avait peur. Oui, il était affolé. Affolé par quelque chose qu'elle ne voyait ou ne sentait pas encore. Et bien que l'atmosphère se soit refroidie subitement, bien que tout son corps lui recommandait de se préparer à quelque chose, il fallait qu'elle nettoie la plaie. Et il lui fallait de l'eau.

Elle regarda le petit écureuil. Une sorte de prénom lui vint soudain en tête. C'était toujours mieux que de l'appeler l'écureuil.

"Squick, est-ce que tu connais une source d'eau proche d'ici ?"

A cet instant, elle ne se sentait pas bête. Au contraire, elle avait une confiance aveugle envers ce petit animal. Mais malheureusement, elle n'avait pas le temps de s'attarder sur lui. Même pas le temps de voir s'il avait compris ce qu'elle lui avait demandé alors qu'elle reposait le morceau de tissus au sol.

- Azil, est-ce que vous m'entendez ? Je suis Louxira et si je suis là, c'est pour vous ramener chez vous.

Il lui sembla que la main droite de celui-ci se mit à bouger. Oui, sa main avait vraiment bougé. De même que ces lèvres qui n'émettaient pourtant aucun son. Elle l'agrippa. Elle était gelée...

Azil

Le noir.
Le noir et l'oubli. Le vide, total, absolu, incompréhensible.
Qui était-il ? Où était-il ? Que voulait-il ?
Ces questions qui traversaient son esprit embrumé et perdu alors que la conscience lui revenait peu à peu. Au loin il crut percevoir une voix avec une certaine résonance qui lui faisait serrer les dents de douleur. N'avait-on pas idée de hurler si fort ? Sur son pauvre cadavre...

Il éternua. Quelque chose venait de doux venait de lui chatouiller le nez, une chose toute rousse et toute poilue qui lui fit cligner des yeux alors que sa vue se rétablissait avec difficulté. Il tenta aussitôt de se relever, mauvaise idée. Une douleur sourde se fit ressentir avec force dans son dos alors qu'il jappait de douleur.

"Ah mais putain de merde ! Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"

Son attention se porta alors sur l'écureuil qui le dévisageait furieusement et la jeune fille qui se trouvait à ses côtés, visiblement inquiète. Il se passa aussitôt une main sur le visage, ne comprenant rien à ce qui se passait et à ce qu'il faisait là... Il ne se souvenait même plus de...

"Zut, t'es qui toi ? C'est quoi mon nom ? Qu'est-ce que je fous là ?"

La sensation qu'éprouvait la voleuse était bizarre. Elle aurait préféré se retrouver devant une armée de monstres effrayant plutôt que d'affronter cette situation là. Azil était son protégé et il ne devait pas mourir, il ne pouvait pas, tout simplement parce que c'était elle qui s'occupait de cette mission. Qu'il meurt dans deux jours n'était plus son problème. Après tout, la vie était ainsi, fugace, éphémère...

Elle arracha un bout de tissus de sa veste, -il la rembourserait plus tard-, et nettoya le contour de la plaie minutieusement, ne laissant après son passage qu'une trace de sang effaçable à l'eau, faisant abstraction des cris de douleur de sa victime. Après tout, elle pouvait le laisser mourir ici au lieu de le soigner... De toute façon, il ne pourrait survivre en ce monde en restant ainsi.

Elle regarda un instant Squick, ce petit écureuil qui n'avait pas compris sa précédente demande. L'intelligence des écureuils ne devait pas excéder un certain stade après tout... Puis elle le vit se rapprocher du visage d'Azil. Elle regarda attentivement le moindre de ces mouvements, et vit donc sa queue passer sous le nez du blessé. Elle ne savait pas trop pourquoi cet écureuil agissait de cette façon. Une provocation quelconque, il voulait l'embêter ou bien lui rendre service tout en faisant autre chose que ce qu'elle lui avait demandé. Quoi qu'il en soit et qu'elle que soit son but principal, il marcha à merveille car Azil se mit à éternuer si fort qu'un ennemi à l'ouïe affinée aurait pu aisément l'entendre à un kilomètre d'ici. Elle allait peut être le prendre comme animal de compagnie.

"Ah mais putain de merde ! Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"

Elle regarda un instant l'homme qui venait de parler et fut prise d'une panique passagère. Une seconde suffisant amplement, elle n'avait pas à gâcher sa vie avec ce genre de sentiments. Alors qu'elle s'apprêtait à lui parler pour confirmer ce qu'il se passait, et ce qu'elle en pensait, elle fut coupée par une deuxième vague de questions.

"Zut, t'es qui toi ? C'est quoi mon nom ? Qu'est-ce que je fous là ?"

Elle fit abstraction du ton qu'il avait pris pour lui parler, ne souhaitant pas le blesser plus qu'il ne l'était déjà puis le regarda vaguement. Elle ne put tout de même s'empêcher d'y penser sérieusement... En souriant. Expression du visage qui n'avait pas sa place dans une situation comme celle-là. Il y avait pourtant quelque chose de comique ici.

"Alors vous ne vous souvenez de rien ? De Célestine ? De l'ours que vous êtes venu chercher ici pour son anniversaire ? Même pas de votre prénom ?"

Elle attendit la réponse un bon moment. Il aurait finalement besoin d'un bon coup sur la tête...

Azil

Azil n’était tout simplement pas en l’état de répondre quoi que ce soit.

Il avait d’abord considéré en silence cette femme qui l’avait réveillé et dont il ne connaissait rien : une gamine malingre pour laquelle il ressentit un élan généreux de pitié de par la faiblesse apparente dont elle paraissait faire preuve. Puis il avait attrapé l’éclat roux de la bestiole misérable qui le considérait d’un œil mauvais qu’il lui avait rendu aussitôt dans la foulée.
Et alors l’autre s’était mise à parler d’ours, d’une certaine Célestine qui ne lui disait rien si ce n’est lui rappeler le visage effrayant de sa belle-mère : seule et unique vestige apparemment de sa mémoire qui ne se décidait toujours pas à lui rendre son nom. Puis l’autre s’était tue et avait attendu, longtemps. Lui, il n’avait rien dit.

Son regard restait fixé sur la masse monstrueuse d’un ours qui venait de faire son apparition à l’entrée de la caverne…
Merde, fut tout ce qu’il put penser avant d’hurler enfin de terreur, son cri aigu se perdant parmi les arbres.

"KYYYYAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

Le silence d'Azil la gênait. Elle n'aimait pas les personnes se plaignant pour un rien mais elle n'aimait pas non plus les silences interminables. N'ayant plus rien à faire puisque le sang avait cessé de couler à flots et que son protégé ne semblait plus du tout faire attention à la blessure qu'il avait, elle avait bien envie d'aller se défouler un peu. Et pour cause. Ne devait-elle pas ramener un Niolmiédialos comme cadeau d'anniversaire ?

Coup du sort, elle n'eut même pas besoin d'aller le chercher. Une ombre se dessina dans son dos alors que sur le visage de la voleuse alors impassible apparut un sourire. Un ours à tuer lui suffisait pour le moment. Elle aurait tout le temps de s'occuper d'autres personnes après...

"KYYYYAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

"Arrête de paniquer pour rien et laisse moi une minute."

Elle se retourna, n'attendant aucune réponse de ce cher Azil, et dégaina ses dagues. Elle les fit crisser d'une manière subtile et mélodieuse qui ne sembla pas plaire à l'animal. Alors, elle attaqua. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se retrouver près de l'ours, évitant aisément le coup de patte qu'il avait voulu lui donner, et lui trancher la tête. Elle se retrouvait derrière lui, debout, dagues rangées à l'instant même où la tête touchait le sol. Ce n'était pas vraiment un adversaire à sa taille...

Elle laissa la carcasse avant de revenir vers ce cher Azil qui avait assisté à la scène sans dire un mot.

"Si vous ne vous souvenez pas, moi je sais que vous êtes censé ramener un ours à Célestine. Un Niolmiédialos plus précisément. Je ne sais pas si c'est cette espèce, je ne suis pas spécialisée en ce genre de choses. Néanmoins, si celle-ci vous intéresse, prenez-la. Mieux vaut revenir avec quelque chose qu'en ayant tout perdu. Elle pourra en faire un tapis... Mais croyez moi, dès que vous reverrez votre petite amie, vous vous souviendrez de tout..."

Azil

Azil n'avait marqué aucune réaction face à la vive réaction de la voleuse. Il s'était contenté de voir cette faible gamine abattre un ours de ses dagues, sans le moindre remord ni la moindre hésitation. Mais lorsqu'elle lui proposa finalement de ramener la carcasse à une dénommée Célestine, il eut un éclat de rage :

"Espèce d'imbécile ! Elle adore les ours ! Je ne vais pas lui ramener un cadavre ! Ma pauvre Célestine, ma pauvre Célestine en pleurerait de tristesse ! Et un Niolmiédalos ? Cette chose ! C'est un ours des plus simples. Vous ne savez pas faire la différence ? Ne croyez-vous pas qu'il y a une "petite" différence de taille entre eux ? C'est si je lui ramène une telle chose que ma petite amie m'en ferait un tapis ! Et elle aurait bien raison !"

Azil se tut, haletant de cette tirade hurlée avec colère. Puis s'apercevant enfin que sa mémoire lui était totalement revenu, il eut un sourire méprisant à l'adresse de la voleuse.

"Ne vous tuez pas plus que vous ne l'ayez déjà fait. Je rentre seul, je n'ai pas besoin de vous pour retrouver la forteresse ! Essayez simplement de ne pas vous perdre, je ne voudrais pas me sentir coupable de la mort d'une crétine ! Au plaisir de ne jamais vous revoir..."

Et sans un mot de plus, il disparut à travers les arbres. Une simple peluche d'ours achetée à Tirn Ail suffirait grandement.