La Déesse tendit les mains devant elle et une flamme y apparut. La flamme s'étira, et une silhouette féminine s'y découpa.
_Voici une Rajah, un esprit de feu parmi d'autres. Tu peux invoquer la
flamme, la terre, l'eau, la glace, l'air, le vent, le tonnerre, la
mort, la vie, l'arbre, la fleur, l'homme, l'elfe, l'ange, le démon...Tu
peux invoquer tout l'Univers, si tant est que tu en as le pouvoir. Tu
as le pouvoir de communiquer avec tout esprit qui est, et de faire
venir tout esprit de tout monde. Il suffit qu'il existe, et que ton
pouvoir soit assez grand.
La rajah sauta à terre et Dana lui donna un bout de bois, que l'esprit se mit à dévorer.
_De ton pouvoir dépend donc la puissance de ton
invocation, sa nature, car certains types d'esprits sont plus durs que
d'autres à contrôler - il est une chose d'invoquer la terre, il en est
une autre d'invoquer le tonnerre et encore une autre d'invoquer la
mort. Plus le corps de l'esprit est dangereux pour ton corps, plus son
âme l'est pour la tienne- mais aussi la durée de l'invocation, le
contrôle que tu as sur elle et son comportement avec toi.
Cette Rajah est très affectueuse avec moi. Elle le serait moins avec
toi. De fait, je peux la détruire en claquant des doigts, et les
Rajahs, bien qu'esprits de feu, sont dans cette catégorie parmi les
plus inoffensifs car ce ne sont que des flammeches. Mais toi, tu devras
commencé avec une étincelle. Vois-tu où je veux en venir?
La Déesse tendit les doigts vers la Rajah, la caressant. L'esprit frémit, puis lorsque Dana releva la main, il disparut.
_Lorsque tu invoques un esprit puissant, tu peux
avoir besoin d'un cercle. Cela permettra de le tenir en cage, de
l'empêcher d'échaper à ton contrôle. Lorsque l'esprit n'est pas de ce
monde, et qu'il est dangereux, cela permet aussi d'éviter qu'il ne se
répande dans nos contrées. Le cas le plus connu "d'incident" était
celui d'un jeune prêtre qui avait enfermé la Maladie, il y a bien trop
longtemps de cela pour que les hommes s'en souviennent autrement que
d'une légende, dans une boîte. Sa femme trop curieuse, croyant que la
boîte renfermait un cadeau que son mari lui destinait, l'ouvrit, et la
Maladie fut libérée en Avalon.
Et si invoquer un esprit est chose ardue, surtout si il ne le désire
pas, révoquer, c'est à dire renvoyer de là d'où il vient, un esprit qui
ne le désire pas est chose encore plus ardue.
Faire venir à soit et éloigner de soit ne sont pas les mêmes gestes.
La Déesse vit alors sa suivante revenir avec son épée. Elle l'empoigna.
_A présent parlons du support. Tu peux avoir besoin d'un sceptre, d'une
baguette, d'une épée, bref, d'une prolongation de ton être pour
concentrer ton pouvoir, comme pour les magiciens.
Cela peut aussi te servir à tracer les cercles. Ce genre de support est
très pratique pour les débutants, et parfois même les prêtre
expérimentés aiment à l'utiliser, car il devient comme une partie de
soit même, un ami proche, et il est toujours utile lors d'invocations
plus délicates.
Dana marcha en rond, son épée pointée vers le sol traçant un cercle
lumineux autours de l'ange et d'elle même. Le cercle clos, ce fut un
disque lumineux qui se mit à rayonner sous leurs pieds, et une bulle
s'était formée tout autours d'elles, au dessus et en dessous,
traversant la terre qui était devenue comme liquide.
Le disque ondula puis disparut, il n'y avait plus de sol sous leurs pieds, les deux femmes flottaient.
La Lumineuse tendit son épée et un mince filet d'énergie en sortit,
s'enroulant au centre de la bulle. Puis il prit forme et une masse de
plumes blanche apparut, s'ouvrant sur un corps frêle d'oiseau blanc.
_Je te présente la paix. La paix est un esprit
difficile à invoquer, comme tu l'auras remarqué. Il est très délicat,
on le brise facilement. J'ai du la faire venir d'une autre monde, car
la paix n'existe pas en Avalon. Je pourrais briser la bulle, la paix ne
s'enfuierait pas: elle a trop peur, elle sent que ce monde la tuerait.
Dans la cas présent, la bulle sert non pas à protéger l'exterieur, mais
à protéger l'interieur. C'est un cocon dans lequel on peut se réfugier,
un bouclier, en quelque sorte, mais uniquement pour l'invocation, une
sorte de cage capitonnée.
La paix ne bougeait pas, tremblante, repliée sur elle même, fragile.