A la salle de détente.

Hashirak pénétra dans la salle de détente, un brin fatigué par le voyage. Il repéra un fauteuil près de la cheminée, en dégagea l'actuel occupant à grands renforts de moulinés de son sabre, tout en vociférant quelques injures désuètes et dépassées. Certes, cela pouvait paraître ridicule, mais la lame acérée du sabre rendait son côté sérieux à la scène. Une fois l'occupant parti, il déposa sa besace au sol et s'affala avec délice dans son siège, son arme sur ses genoux. Jack sorti à ce moment là de la besace pour se rouler en boule près de l'âtre, s'offrant un petit somme bien au chaud. Hashirak laissa son regard se perdre dans la beauté des flammes, appréciant leur chaleur sur son visage. Il avait toujours aimé le feu. Pour lui, c'était un peu inhérent à l'amour du Chaos. Un bon petit incendie, c'est joli, très souvent pratique ( en effet, les gens sont moins attentifs ), et puis, faut admettre que ça claque comme signature pour un méfait.
Il commença à s'assoupir, hypnotisé par le feu.

"Ponctuel et discipliné. Tu vois que tu n'es pas si incontrôlable que cela..." murmura une voix à l'oreille d'Hashirak.

Darsha était assise, les jambes dans le vide, sur le confortable accoudoir du fauteuil qu'occupait le démon. Son regard, redevenu impassible, se plongea un instant dans la contemplation des flammes dansantes. Puis elle poursuivit à voix basse :

"Des thuathas dans les plaines enneigées de l'Est. Selon mes informateurs, ils sont deux. J'ignore ce qu'ils font là, mais il est certain qu'ils regretteront d'y être...
Je veux un travail propre et par dessus tout rapide. Les cadavres doivent être reconnaissables. Je viens avec toi, bien sûr ; tu ne serais pas encore capable de les vaincre seul. Nous partons dès que tu es prêt."

Hashirak émergea brutalement de sa douce léthargie et écouta attentivement son Commandant. Une mission, si tôt, était une telle aubaine qu'il ne pouvait pas la rater. Sans compter que contrairement à avant, il faisait désormais parti de la faction de Nyx, et qu'un désengagement serait fâcheux. Et puis, avec un peu de chance, sa bourse sera un peu plus pleine et il pourra éventuellement trucider quelqu'un. Il s'était toujours demander si on pouvait étrangler quelqu'un avec ses propres viscères. Celles de la victime, bien sur. Ceci dit, c'est pas très propre comme méthode, et même si le visage du malheureux reste intact, ça risque de déplaire à la jeune voleuse. Dommage, faudra voir ça la prochaine fois. Il décida d'être professionnel ( enfin, pas beaucoup, juste ce qu'il faut ) et demanda des précisions au sujet des thuathas.

" Vos informateurs vous ont-ils précisé le type de thuathas ? Un couple d'amoureux transi ? ( peu probable, mais venant de ces zigotos en toge, ça m'étonnerai pas trop ). Des éclaireurs ? Des guerriers chevronnés ? Désolé pour la question, mais je dois savoir jusqu'à quel point il va falloir que je sois prudent. "

Hashirak n'aimait pas trop devoir être prudent, dans ces cas là, il profite moins. Même si ça l'empêche éventuellement de se faire tuer stupidement. C'est un point qui mérite qu'on s'y attarde un peu.

" Quant au départ, et bien, je me trouve un manteau chaud, un truc à me mettre sous la dent pendant le trajet, et je suis prêt. Faut pas qu'ils s'envolent les hippies. "

Il observa son rongeur et un petit air surpris s'afficha sur son visage.

" Et beh, c'est qu'il y tient au piercing de ce vieux Bob. "

La voleuse sauta à bas de l'accoudoir et passa négligemment ses mains au dessus des flammes en lui lançant un rire narquois.

"Prudent ? Tu es sous mes ordres, alors je te conseille d'oublier ce mot... Si tu t'inquiètes pour un combat face à deux doux illuminés alors même que ton capitaine est à tes côtés, je ne pense pas pouvoir jamais te confier de missions en solo..."

Elle soupira intérieurement. Un sanguinaire prudent. N'importe quoi.

"Cela dit, je peux comprendre que tu veuilles de plus amples informations. Si tu étais seul, ce serait même essentiel. Mais dans ce cas précis je supervise l'action, ce qui signifie que tu dois me faire confiance et me suivre aveuglément, sans discuter. Je ne t'aurais pas choisi pour cette mission si je n'avais pas évalué les risques avant.
Mais nous perdons du temps. Allons-y."

Elle lui intima d'un geste de la suivre, alla ouvrir la fenêtre et sortit par celle-ci d'un air dégagé.
Elle avait évidemment vérifié auparavant que l'énorme tas de foin était toujours à sa place dans la cour. Mais le démon n'en aurait pas besoin, lui qui avait la chance d'être un démon et de posséder des ailes, ce genre d'excroissances si délicieuses à arracher.

[[On se retrouve là]]