Rencontre à la taverne. [X]

Lexana contemplait sa chope vide depuis quelques minutes déjà. Ses pas l'avaient mené jusque dans cette gargote où régnait une ambiance chaotique. Les hommes qui l'entouraient était pour la plupart complètement avinés malgré le fait qu'il ne faisait même pas encore vraiment nuit. Quant au femmes... Elles pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Hormis elle-même il y avait la femme du tavernier, dont le tour de taille égalait celui d'une hippopotame enceinte, deux Unseelies complotant surement quelque chose de malsain, et une fille de joie actuellement assise sur les genoux d'un pochtron chantant une chanson paillarde.
Alors que le-dit pochtron entamait un couplet à propos des fesses de la tavernière, un autre bonhomme bien beurré lui aussi s'approcha de la table de la sorcière.

Salut poupée...hic... Tu... oups là... Tu prends combien...? Hic.

Comprenant d'un coup ce que le malotru lui demandait, Lexana se leva et l'envoya volé d'une bourrasque magique. L'idiot retomba mal sur ses pieds et vint cogner la table d'un homme assez mystérieux qui s'occupa de le corriger.
Étrangement, Lexana avait l'impression de l'avoir déjà croisé... il y a assez longtemps toutefois, si longtemps qu'elle ne parvenait pas à se rappeler où.

Le mystérieux étranger s'était accoudé au comptoir et semblait visiblement se poser les mêmes questions qu'elle. Il ne la quittait pas des yeux (sauf pour regarder son verre de temps à autre) et cela avait le don de l'agacer profondément. Il ne lui en fallut pas plus pour la décider à aller à sa rencontre.
Elle traversa la taverne sous les regards pervers et envieux des vieux libidineux avinés du coin auxquels elle ne fit même pas attention (et il valait mieux pour leur santé.) Toute son attention était fixée sur ses souvenirs : Où diable avait-elle bien pu rencontrer cette homme là!
Arrivée près du démon, elle s'accouda face à lui et interpella le tavernier.

-Une absinthe, et t'as pas intérêt à me la diluer cette fois.

Elle attendit d'être servi, but une gorgé et retint une grimace.

-Toujours aussi dégueulasse.

Ses yeux se fixèrent sur ceux du démoniaque individu. Elle avait le regard froid des jours où tout l'énerve.

-De toute évidence nous nous sommes déjà croisés quelque part. Pourtant vous êtes encore en vie, je ne me souviens pas avoir couché avec vous donc vous m'avez surement aidé dans une mission... Ou alors vous êtes très chanceux.

A l'évocation de ce souvenirs, Lexana ne put retenir un léger rire moqueur. Le nain avait eu un geste trop ample ce qui lui avait permis d'attraper la hache avant même qu'il ne la lance. Le nabot c'était retrouvé déséquilibré, sans rien à lancer et avait chuté la tête la première dans une mare de boue.
Il était rare qu'elle sauve des inconnus, mais cette fesse valait bien un détour pour être sauvée. Après tout, les jolis petits culs ne courent pas les rues, surtout chez les hommes des tavernes.
La froideur de son regard s'estompa légèrement, il avait l'air plutôt sympathique finalement.
Une immonde grimace défigura son visage qu'ornait un charmant sourire une minute plus tôt. Il venait de gouter l'absinthe et, comme tout bon connaisseur (du moins supposait-elle) il l'avait trouvé infecte.

C'est trop fort pour vous jeune homme? Peut-être aurait-il fallu vous contenter d'une simple bière. Cette boisson n'es pas faites pour les thuathas...

Elle apostropha le patron et lui en commenda deux autres.

Un pour vous? Un petit lait?

"Habituellement, lorsqu'une belle étrangère m'offre un verre, j'ai tendance à penser qu'elle veut abuser de moi. Mais mon fessier me dit que je peux vous faire confiance pour service rendu."

Tout en buvant de son immonde breuvage, Lexana se demandait qui pouvait bien être cet homme. Maintenant qu'elle le reconnaissait, elle s'interrogeait sur l'identité du personnage. Et pour une fois qu'elle n'en avait pas rien à foutre, elle décida de faire fi de ses habitudes et de faire connaissance avec lui. Elle ne savait pas pourquoi mais il lui inspirait confiance, ce qui était extrêmement rare vu son respect pour autrui, et surtout pour le sexe opposé qu'elle qualifiait de lâche, d'idiot et d'ennuyeux pour la plupart. Peu échappé à cette critique brutale, et c'était une grande déception pour beaucoup d'entre eux.

Rassurez-vous, je n'abuse que de mes ennemis, les autres je préfère leur demander leur avis... C'est pour ça qu'il n'y a pas beaucoup d'autre d'ailleurs Mais je ne me suis pas présenté, je m'appelle Lexana, je suis une sorcière au service la déesse Nyx.

Rassurez-vous, je n'abuse que de mes ennemis, les autres je préfère leur demander leur avis... C'est pour ça qu'il n'y a pas beaucoup d'autre d'ailleurs Mais je ne me suis pas présenté, je m'appelle Lexana, je suis une sorcière au service la déesse Nyx.

Il eut un sourire puis avala une longue lampée pleine de courage (sa gorge ne semblait plus vouloir prendre vie). Une unseelie de cette classe, et parmi tous ces pécores... pas commun. Il décida de se présenter. C'est la moindre des choses. Et puis, c'est une collègue.

"Hashirak Hamra, fier démon au service de la déesse des Déesses Nyx." Il ajouta d'un air relativement déçu. "Bien que je n'ai toujours pas versé de sang en son nom. Espéreront que cela ne tarde plus. J'ai le sabre qui me démange moi."

"Bien que je n'ai toujours pas versé de sang en son nom. Espéreront que cela ne tarde plus. J'ai le sabre qui me démange moi."

Il semblait aimer le sang autant qu'elle aimait le sadisme. Un sourire éclaira son visage pour la première fois depuis le début de leur conversation à la pensée de l'équipe qu'ils pourraient faire. Un duo terrorisant l'ennemi rien qu'à l'évocation de leurs deux noms mis ensemble.
Ses pensées devinrent alors nostalgique, elle repensa au temps où elle agissait pour son compte, au moins avait-elle de l'occupation. Depuis qu'elle s'était mise au service de la déesse, elle n'avait encore pas eu de mission. Il faut dire qu'elle n'avait pas non plus cherché à se faire remarquer. Quelque chose lui disait que cette rencontre aller changer la donne.

Je ne la sers que depuis peu également. Ma magie n'a pas encore tourmentée de pauvres âmes pour une gloire autre que la mienne. Mais que diriez-vous de continuer cette conversation dans un lieu moins.... Elle hésita, son regard explora la salle dont les clients étaient à présent tous ivres morts. Minables. Acheva-t-elle avec une expression dédaigneuse. Nous pourrions converser sous la lune dans les rues de Tirn Ail... Et même peut-être, si nous sommes chanceux, quereller quelques malheureux qui se seraient risqués à nous chercher des noises. Qu'en dites-vous?

Hashirak fit mine de réfléchir, simplement parce que ça l'amusait de la faire attendre un peu, puis hocha vigoureusement de la tête pour signifier son enthousiasme à cette idée. Le poivrot ne l'avait que brièvement amusé, et il brulait de manier sa toute nouvelle lame.

"Et comment que je suis partant!" Il dégaina Bardan d'un geste ample et vif, faisant sursauter l'ivrogne à sa droite, et admira les sombres reflets de la lame. "Bardan goûtera peut-être au sang ce soir." Il rengaina la lame doucement. "Ou à défaut de tuer quelque badaud, j'aurais sûrement l'occasion de me dérouiller sur un pauvre bonhomme."

Devant l'enthousiasme de son interlocuteur, Lexana ne put retenir un sourire cruel, et un regard enflammé d'une lueur à la fois machiavélique et séducteur.
C'était plus fort qu'elle, ce genre d'homme réveillé sa nature enjôleuse. C'est à peine si elle s'en rendait compte.

J'éspère que vous me laisserez au moins le temps de m'amuser un peu avec leurs fragiles esprit avant d'inonder les pavés et les briques de leur sang. Il n'y a pas que les hommes qui ont le droit de s'amuser.

Le pauvre badaud qui avait sursauté un instant avant était maintenant tout à fait effrayé, trop alcoolisé pour fuir mais pas assez pour ne pas comprendre, il craignait pour ses jours et se recroquevillait peu à peu dans un coin de la taverne. La sorcière aurait bien commencé par lui mais le patron, d'un naturel suspicieux, les surveillés de près depuis quelques instant. Il n'était pas utile de s'attirer le courroux du seule tavernier à peu près potable du coin juste pour s'amuser. Surtout quand on était sur de trouver un autre jouet pas trop loin.

J'éspère que vous me laisserez au moins
le temps de m'amuser un peu avec leurs fragiles esprit avant d'inonder
les pavés et les briques de leur sang. Il n'y a pas que les hommes qui
ont le droit de s'amuser.

" Mais tout à fait, aucun problème... "

Hashirak avait remarqué le regard du tavernier. Son visage s'assombrit et ses yeux eurent un éclat mauvais. Son bras d'arme ne bougea pas d'un pouce, mais ses phalanges blanchirent sur la garde. Un rictus sadique s'étira petit à petit sur son visage. D'une voix neutre, il s'adressa au propriétaire du boui-boui.

" Mais c'est qu'il ne veut pas qu'on rajoute une tête toute fraiche à sa sublime déco ce cher monsieur. Et que fera t-il si je fais fi de ses désirs ? Appellera t-il la garde ? " Hashirak balaya la pièce du regard. " Ou plutôt quelque accointance du milieu, des petites frappes locales ? Quoiqu'il en soit, je peux vous certifier, cher monsieur, que si vous me les brisez, je vous fais un joli petit collier avec ce que vous avez entre les jambes. Et avec tout ce que vous servez, j'aurai de quoi cautériser la plaie fissa. " Il regarda sa collègue et ajouta : " Vous me voyez navré de ce revirement d'humeur, mais je ne suis pas connu pour ma constance d'esprit. " Son regard se fixa de nouveau sur le visage du tavernier tandis que le pilier de bar devenait plus pâle que la mort.

" Vous me voyez navré de ce revirement d'humeur, mais je ne suis pas connu pour ma constance d'esprit. "

C'était à peine croyable de rencontrer un homme aussi intéressant dans un endroit aussi... spécial. En tout les cas cette rencontre avait égayée sa journée et elle avait hâte de le voir en action. Un homme avec autant de panache ne pouvait être mauvais au combat.
Les quelques clients qui cuvaient autour commençaient à s'écarter de leur coin de bar au fil de la conversation. La trouille les tenait tous au ventre et pas un n'aurait laissé échappé le moindre souffle même pour tout l'or du monde (ce qui était raisonnable car l'or n'est point utile une fois que l'on est mort). Un tension palpable régnait dans la salle et l'on aurait pu entendre un pet de moucheron.
La sorcière (qui elle se sentait plutôt à son aise) se retourna vers un des poltrons avinés. Alors qu'elle s'approchait de lui, (laissant à Hashirak une splendide vu sur son dos dénudé et tatoué que révélé l'échancrure de sa robe)
les genoux du pauvre homme s'entrechoquaient si fort que l'on aurait cru que quelqu'un secoué un sac d'os dans la salle. Elle se pencha vers lui, murmura quelques mots à son oreille et retourna à sa place en souriant d'un air qui ne présageait rien de bon. Le badaud la regardait d'un air terrifié, puis se retourna lentement, comme s'il avait peur de découvrir une horreur.
La minute qui suivit fut chaotique.
La victime qu'avait choisi Lexana avait découvert, en se retournant, qu'une queue de cochon lui avait poussé sur le haut de son postérieur. Au fur et à mesure qu'il hurlait en courant dans le bar, son corps se changeait en celui d'un mignon petit porcelet.
Cédant à la panique, les autres pochtrons se mirent à courir, surement sans savoir trop pourquoi.
La sorcière riait. Elle adorait ce tour si simple et qui marchait toujours aussi bien. Elle profita de la folie générale pour se retourner vers son nouveau camarade.

Et si on y allait?

Et si on y allait?


Hashirak ne savait pas trop quoi faire. Il voulait verser le sang à torrents, mais sa nouvelle amie avait rendu les choses relativement surprenantes. Cela n'aurait tenu qu'à lui, il aurait passé par le fer toutes les personnes présentes. La mort, beauté éternelle et inéluctable conclusion, ne semblait pas vouloir se manifester en cet endroit. Les évènements en avaient décidé ainsi. Il aurait tant voulu rendre hommage à la Maitresse de toute chose, la mort. Certes, Nyx était la déesse à laquelle il avait fait allégeance, mais la Mort, elle était sa maitresse. Il ne pouvait décemment tuer tous ceux qui étaient présents en ces lieux. Par égard pour Lexana. Le cruel questionnement se lisait dans son regard. Tuer, ne pas tuer... Il décida de suivre sa collègue.


"Je vais vous suivre, mademoiselle. Mais sachez que mon désir est de devenir l'Hécatombe. Le Héraut de la Mort. Alors, je vous le demande comme une faveur, la prochaine fois, n'usez pas de quelque subterfuge pour ridiculiser les autres, laissez moi être tel que je suis. Je suis né pour être l'avatar de la destruction, du désespoir, du carnage. Je veux sentir le fluide vital des misérables sur mon visage, tel une pluie bienfaisante. Bardan désire goûter le sang de ceux qui croisent son chemin, je suis fait de même."

Et sur ces paroles, pleines d'incompréhension, il s'inclina légèrement et sorti de la gargote, attendant dans la ruelle sombre.

[ Au Clair de la Lune... ]