De quatrain en quatrain

L'inconnu est source d'invraisemblable

Face au vide, ma peur est presque palpable
ce n'est pas tant lui qui m'effraie, inébranlable,
mais plutôt ce que l'on pourrait faire de lui
car le vide, dans l'absence, est comme la nuit.

Face au vide, ma peur est presque palpable

Suffocation silencieuse dans l'obscurité
Le souffle chaud de l'angoisse, la froideur de la peur
La perspective du néant m'affole et m'effraie
Bien que je sache que m'inquiéter est une erreur.

Suffocation silencieuse dans l'obscurité

Assassinat de l'espoir si bien orchestré
Magistral, il déploie son voile tant redouté
qui voluptueusement s'étend sur nos âme
comme le parfum envoûtant d'une femme

qui voluptueusement s'étend sur nos âme

Ombre de lumière, éclat d'obscurité,
La solitude me glace au plus profond de mon être
Que le vent m'emporte loin de la réalité
Pas un mot, pas un regard, pas une lettre.

Pas un mot, pas un regard, pas une lettre.

Ainsi je ne sais rien et ne peux rien dire
Ainsi je ne vois rien et ne peux te sourire
Et cela est voulu, calculé
Ainsi finalement je n'ai plus qu'à pleurer.

Ainsi finalement je n'ai plus qu'à pleurer.

Ces larmes contenues si bien dissimulées,
Ces coups de poignards dans mon âme meurtrie,
Lorsque les heures s'en vont pour à moi t'arracher
Et que ne sachant plus quoi faire, j'en rie.

Et que ne sachant plus quoi faire, j'en rie.

Ce rire, amer, qui me coule dans la gorge
Et ces pleurs sincères, unis, me forgent
sinon une force, du moins un masque
pour supporter, nuit après nuit, tes frasques...

Ce rire, amer, qui me coule dans la gorge

Éraillant ma voie et noyant ma peine,
M'arrachant tout ce qui fait qui je suis,
Comme un poison brûlant courant dans mes veines,
Comme l'arme d'un fou voulant tuer la nuit.

Comme l'arme d'un fou voulant tuer la nuit.

Quoi ?! Cet idiot ne sait-il rien
Du code de l'honneur propre aux assassins ?
Tuer de nuit ! Pour faire cela il doit avoir peur
de se faire prendre...alors, ce lâche, qu'il meure !

Quoi ?! Cet idiot ne sait-il rien ?

Volontairement prisonnier de son silence froid,
Cherchant à obtenir par ce moyen tout de moi.
Je devrais résister, mais j'y tiens avec tant de fermeté,
Que je ne supporterai l'idée de le voir s'éloigner.

Volontairement prisonnier de son silence froid,

Qui, trop imité, perd de sa prestance.
Même les imbéciles font silence,
et pour se donner des atouts
adoptent cette attitude partout.

et pour se donner des atouts

Je sacrifiais les cartes que j'avais en main
Méprisant aujourd'hui en faveur de demain,
Mais obtenant mon dû déjà je regrettais
Puisque gagnant le reste ainsi je te perdais.

Mais obtenant mon dû déjà je regrettais

Qu'il ne fut, dommage, un peu plus élevé.
Mais c'était mieux que rien et, pour me consoler
J'allai, pleine d'entrain, bien vite le dépenser
Après de mon grand ami le tavernier.

Mais c'était mieux que rien et, pour me consoler

Je comblais ma solitude de rêves insensés
Qui me rendaient le sourire, me faisaient soupirer...
Lorsque l'illusion de la vie semblait s'évaporer
Chacun de mes gestes criant par son absurdité.

Lorsque l'illusion de la vie semblait s'évaporer

Lorsque, affalée au comptoir, je finissais
Un verre après l'autre, ce qu'on me servait
Je cherchais des réponses, car tout était fini
Comment ? Si vite ? Pourquoi...lui ?

Comment ? Si vite ? Pourquoi...lui ?

A peine est-il arrivé qu'alors il repart
S'éloignant de moi, il s'engouffre dans le noir
Loin de mon coeur qui sans lui ne bat déjà plus
Loin de ces instants qui restent à jamais perdus.

S'éloignant de moi, il s'engouffre dans le noir

Pourquoi n'en ressortirait-il pas ?
Pourquoi pas une seconde fois ?
C'est irréaliste et sans fondements
car, excepté moi, qui l'attend ?

car, excepté moi, qui l'attend ?

Une mort prochaine, un destin fabuleux?
Qu'en sais-je? Rien, mais ce m'importe peu,
Car aucune chose au monde ne semble égaler
La puissance d'un amour que l'on sait insensé.

Une mort prochaine, un destin fabuleux ?

Non. La mort est déjà passée, et s'il l'a surmontée
C'est moins par peur que pour la défier
Nul destin fabuleux ne l'attendait derrière
Sinon la joie d'une gamine, joie douce-amère.

Sinon la joie d'une gamine, joie douce-amère.

D'un cœur qui palpite pour un rien, et pour tout
N'ayant d'autre raison qu'un sourire, un regard
Tout en sachant parfaitement que tout au bout,
Il n'y aura plus rien à la tombée du soir.

Il n'y aura plus rien à la tombée du soir.

Pas une flamme. Pas un cri. Pas un rire enfin.
Désormais, il n'y aura plus rien.
Inutile de chercher à comprendre. Inutile de croire.
La sienne est terminée. Maintenant c'est notre histoire.

Inutile de chercher à comprendre. Inutile de croire.

Rien n'a de sens et tout est vain
L'inutilité règne en maître ce matin
Mon âme est meurtrie, et ma gorge, nouée
Par tant d'amertume et d'insipidité.

L'inutilité règne en maître ce matin

Le combat est terminé. C'est la fin.
Nous avons atteint notre but et, d'instinct
Je devine qu'il n'y aura plus rien.
Tous ces efforts, en vain.

Tous ces efforts, en vain.

J'ai tenté de me persuader que je n'y étais pour rien
J'ai conscience à présent que le début fut fin,
Malgré tout cela je ne sais pas renoncer...
Chaque histoire est unique, et là est l'intérêt.

J'ai tenté de me persuader que je n'y étais pour rien

J'ai essayé oui, de me faire croire
Que l'on ne pouvait blâmer que lui
Qu'il n'y aurait jamais plus d'histoires
C'est vrai, sans doutes, j'ai fui.