Première étape du voyage

Le Boyorck s’arrêta à la lisière de la forêt et descendit au ras du sol. La démone attendit que Darsha arrive. Quand elle fut à une distance assez proche elle cria :
« -J’ai gagné ! De toute manière tu avais perdu d’avance ! La seule façon de battre Songe, c’est de faire la course quand il y a beaucoup de vent, et là, il n’y en a pas du tout ! »

La jeune fille ouvrait la bouche pour répliquer d'une (mauvaise) excuse quand une lueur d'effroi passa dans son regard.
_Osi ! Baisse toi !

Une silhouette massive passa au ras de la tête - avec visiblement l'intention initiale de l'arracher - de la démone qui s'était courbée sur l'encolure de sa monture in-extremis, puis se réceptionna au sol entre les deux soldates.
Les pierres de l'esprit d'Osi surgirent à toute vitesse de son sac et la voleuse dégaina.
Une voix rauque s'éleva de la silhouette, sur le ton de la complaisance.

_J'avais juste faim...
_Ulfedr , gronda Darsha, qu'est ce que tu fais là, nom de Nyx ?!

Et Ulfedr répondit :
-Oh, je ne sais pas trop. Je ne me rapelle que de la nuit qui tombe et je me suis retrouvé là, avec une terrible faim. Tu n'as pas à manger ?

Ulfedr regarda Darsha avec un air suppliant.

Ulfedr les regardat partir, attristé. Il jeta un regard de dégout à l'elfe, grommella quelque chose à propos de la chance qu'elle avait de ne pas le rencontrer la nuit et partit en direction du chateau de Nyx. Quelque minutes plus tard, on pouvait entendre les cris d'un groupe d'écureuil qui se faisait attaquer par un être affamé.

Après s'être éloignées du loup-garou et de l'elfe -sans chercher à savoir qui engloutirai l'autre- la démone et la voleuse chevauchèrent un moment sous le couvert des arbres.
La monture d'Osi avait replié ses ailes et slalomait entre les sapins avec une étonnante agilité pour sa masse.
Des raies de lumières trop rares perçaient ça et là les feuillages. La forêt semblait morte, en léthargie. Il y régnait un silence pesant et angoissant à la fois.
Cependant elles avaient autre chose en tête et n'avaient pas l'envie de se poser des questions sur la métaphysique de l'existence des sous bois silencieux.
_Hum...Osi ? Tu préfère que nous nous arrêtions pour la nuit ou tu peux continuer en nocturne ? La source Isana est paraît-il aussi belle à l'aube qu'à la lumière de la lune, mais nous ne sommes pas épuisées...

La démone se sentait assoupie. Cela faisait du bien d’être revenu au calme dans cet endroit qui était censé toujours être calme. Elle se sentait bien dans cette forêt. Elle la comprenait. Elle avait le sentiment que la forêt lui parlait.
Soudain, elle perdit cette sensation.

Le calme que Darsha ressentait également se brisa d'un coup.
Des ombres noires les frôlaient, poussaient des cris qui auraient pu paraître mélodieux en temps normal, mais qui, après ce calme, paraissaient des sacrilèges.
On distinguait des ailes, des yeux brillants, mais le reste se confondait dans l'obscurité du sous-bois.
Darsha releva un pan de sa cape sur son bras et rentra la tête dans les épaules, ralentissant son cheval.

_Osi, souffla-t-elle, ralentis. Ce sont des Phroenix, je crois, et ça veut dire que nous approchons d'un lieu mystique. la source, j'espère. Ils attaquent en bande, mais si on fait profil bas, ils nous laisseront tranquille...je crois...

La démone arrêta son Boyorck. Ils passèrent au dessus de leur tête sans les remarquer.
Les voyageurs restèrent un long moment immobiles. Personne n’osait bouger de peur qu’ils reviennent.
Soudain l’un d’eux revint et plongea sur la démone.

Malgré la meute qui planait, la voleuse n'hésita pas.
En un éclair elle fut debout sur sa selle puis bondit sur l'oiseau en dégainant.
La fine lame empoisonnée siffla dans l'air.
Le sang gicla.
Elle fit une roulade à terre, se redressa.
La démone, imperturbable, jetait un coup d'oeil au sang qui maculait ses vêtement.
Les chevaux n'avaient pas bougé.
le oiseaux non plus.
Seul l'agresseur gisait au sol, son envergure démesurée désormais brisée.

_Oula, oula, oulaaaaaaaaaaaaa !

Elle courut à son cheval, se remit en selle et le lança au galop.

_OSI, FONCE !

La meute venait de réaliser.
Et elle leur fonçait dessus.

La démone n’eu pas le temps de réaliser. Son Boyorck s’était déjà envolé pour avancer plus rapidement. Elle découvrit que son Boyorck était capable d’aller à une allure qu’elle n’aurait même pas pu imaginer.

Le Boyorck revint en arrière. La meute était partie.
La démone vit la cascade.
« -Je ne savais pas qu’on allait croiser une cascade ? »