Un butin particulier: I-Le rassemblement [~]

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Il lui avait fallu un long moment avant de pouvoir enfin se présenter à l'entrer de Tirn Ail, point de départ pour la ville de Petralk. Elle était passée par le dortoir pour réunir une trousse de soins digne de ce nom, comprenant essentiellement bandages et autres compresses. Ensuite, elle avait mis de la nourriture pour un voyage à une durée indéterminée, en espérant que celle-ci tienne le choc, un carnet de note et un stylo. Ne sachant pas combien il serait pour le départ, elle avait prévu les choses en grand. Tran'k Eter était une valeur sûre. Il lui avait d'ailleurs assuré qu'il la retrouverait le moment venu, ce dont elle ne doutait pas un seul instant. Ensuite venait Darsha, qui elle aussi allait venir à ce voyage et enfin Serafim, dont elle ne connaissait pas du tout le point de vue puisqu'il ne devait s'être parlé qu'une seule fois.

Elle se mit assise sur un banc, regardant les étoiles argentées qui se dessinaient sur le ciel noir. Bizarrement, elle ne pensait pas avoir déjà vu spectacle de la nature aussi beau. Peut être parce qu'elle ne savait pas quand elle pourrait revoir un ciel comme celui-là, sachant très bien ce qui l'attendait une fois partie. Quelque fois, elle jetait un regard noir aux passants qui après lui être passé devant se mettait à chuchoter. Ces humains qui ne connaissaient rien à la joie de se battre et de toujours vouloir se perfectionner, vouloir devenir plus fort. En fait, ils ne connaissaient la véritable apparence de la vie.

Elle attendit un moment, regardant les notes qu'elle avait prise dans son carnet, du langage qu'elle avait à décrypter. Elle avait vraiment penser à tout, au point de préférer recopier tous ce qui nécessitait traduction dans le livre au lieu de l'emmener lui-même, puisqu'elle ne pouvait se risquer à l'abîmer ou à le perdre, chose qu'elle n'aurait pu garantir en l'amenant. Ce fut un travail long, très long même mais n'ayant pas grand chose à faire, cela ne l'avait pas dérangé outre mesure.

Ce voyage la mettait dans un état bizarre. Elle se rendait dans la ville considérée comme la plus dangereuse d'Avalon ou bon nombre de monstres plus forts qu'elle avaient établi leur demeure. Pourtant elle était excitée. Elle n'attendait même que cela. Et bien que considérant que ces monstres n'étaient pas son objectif principal, elle avait bien envie de mesurer leur force. Cependant, le livre que Darsha avait ramené était bien plus important que tous ces tueurs qui en voudrait à sa vie comme à celle des autres. Il lui fallait toutes les réponses pour son retour et pour cela, il lui faudrait affronter ce qu'elle considérait comme ces véritables ennemies pour ce but, les gardiens des secrets.

La sensation que l'on éprouvait lorsque l'on ne savait pas si l'on allait revenir mort ou vivant était incomparable. Un sentiment impossible à expliquer. A cet instant, elle avait vraiment l'impression de vivre...

Le vent du Nord se levait sur le Sud de la capitale tandis que Serafim descendait de chez lui et se mettait en quête de la voleuse érudite, avertit qu'il venait d'être par une lettre de la supérieure de celle-ci. Supérieure qui devait également les rejoindre.
Le héros était d'une humeur plus glaciale encore que d'habitude, ce pour la simple et bonne raison qu'Eter, qui devait lui aussi faire partie de la fine équipe, n'avait pas jugé utile de lui proposer de venir, ni même de l'informer de son retour dans leur ville natale, peuplée - soit dit en passant - à présent des créatures les plus horribles et dangereuses.

Ceci expliquait l'aura plus polaire encore qu'à l'accoutumée émanant de la haute silhouette qui émergea d'une rue transversale dans le dos de la jeune fille.
S'inclinant sur l'épaule de celle-ci, il lui demanda de sa voix la plus calme et la plus neutre :
"Vous m'attendiez, peut-être. Voulez-vous partir avec moi vers Petralk dès maintenant, et me faire ainsi le plaisir d'apprendre à cet idiot de commandant la ponctualité ?"

"Vous m'attendiez, peut-être. Voulez-vous partir avec moi vers Petralk dès maintenant, et me faire ainsi le plaisir d'apprendre à cet idiot de commandant la ponctualité ?"

La voleuse releva la tête sur la silhouette masculine qui se trouvait à présent à ses côtés, pas le moins étonnée du monde, elle en avait maintenant l'habitude. Pile à l'heure, on reconnaissait bien là celui qui s'occupait du bureau des dénonciations.

"Serafim... Je vois que l'on vous a bien informé..."

Elle se releva, n'appréciant pas le fait d'être assise alors que son interlocuteur était debout.

"Je me vois désolée de ne pas pouvoir répondre à votre demande mais je préfèrerais attendre l'arrivée de Darsha et Tran'k. Ne le prenez pas comme un affront, je connais l'étendue de votre puissance et je sais bien que vous pourriez battre ces monstres..."

Elle regarda une nouvelle fois le ciel, presque persuadée que quelqu'un ne tarderait pas à arriver. Elle connaissait ceux qui manquaient comme deux personnes imprévisibles et aimant particulièrement apparaître d'un seul coup et de nul part. Ce qu'elle retrouvait d'ailleurs chez Serafim...
Elle était donc persuadée que dans l'obscurité de la nuit arriverait quelqu'un désireux de venir avec eux...

Et l'intuition de Louxira était fort juste.
Des pas se firent clairement entendre, approchant dans leur direction sans chercher un seul instant à se dissimuler dans l'ombre environnante. Le son clair était aisément reconnaissable comme celui des guettas du commandant qui fit bientôt son apparition à l'horizon. Les mains dans les poches, un brun d'herbe dans la bouche, il semblait particulièrement tranquille ce soir-là, un état qu'il n'avait plus connu depuis un long moment. L'explication d'un tel calme se dessina bientôt sous la forme d'une masse imposante, suivant le blondinet à pas tranquilles et parfaitement inaudibles.

"Bonsoir..."

Lulu, voix de la raison, eut un simple hochement de tête, n'insistant pas, consciente de l'état dans lequel se trouvait Serafim. Tran'k lui n'eut pas cette prudence et adressa successivement à la voleuse et au héros un sourire de gamin satisfait et repu, bien que surpris par la présence de ce dernier.

"Quel étrange hasard que tu sois là Serafim ! Bon, et si nous y allions ?"

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